On parle de détermination du sexe pour désigner les processus de régulation qui initient la différenciation des gonades en testicules ou en ovaires, tôt au cours du développement embryonnaire. Chez les reptiles, ces mécanismes sont contrôlés selon différents modes, allant d’une détermination purement génétique (c’est à dire liée à présence/ absence de certains chromosomes… comme chez les humains) à une détermination prement environnementale (le plus souvent liée à la température d’incubation des oeufs). On constate des transitions évolutives entre les deux. Dans un article publié dans Nature (Sex reversal triggers the rapid transition from genetic to temperature-dependent sex, 2 juillet 2015) Clare Holleley et son équipe de l’université de Canberra présentent les résultats de l’étude du lézard australien Pogona vitticeps. Ils mettent en évidence, pour la première fois, un exemple de transition évolutive très rapide vers une détermination purement environnementale du sexe.
Pogona vitticeps, l’agame barbu en français, est une espèce de lézard de la famille des Agamidae vivant en Australie. A température ambiante, le sexe des individus de cette espèce est déterminé par deux chromosomes. Deux chromosomes Z (ZZ) : c’est un mâle, un chromosome Z et un chromosome W (ZW) : c’est une femelle. La règle change cependant lorsque la température augmente. Si des oeufs de l’agame barbu sont incubés à 34 °C (et à des températures supérieures), à l’éclosion, tous les individus, que leur caryotype soit ZZ ou ZW, seront des femelles. Les auteurs de l’étude ont prélevé des individus ZZ femelles dans la nature (qui ont donc subi l’effet d’une température élevée), puis les ont accouplés, en laboratoire, avec des individus mâles (ZZ). Tous les descendants de ces croisements ne peuvent donc porter que la paire de chromosomes ZZ. En une génération, le chromosome W a été perdu. Qu’en est-il de leur sexe? Il s’avère que, chez ces descendants, le caryotype ne compte plus, et le sexe des individus ne depend plus seulement que de la température d’incubation des oeufs : chaude, ce sera des femelles, plus fraîche, ce sera des mâles.
En une seule génération, l’agame barbu a évolué vers un mode complètement différent de détermination du sexe. Ce qui est particulièrement surprenant est la rapidité avec laquelle un tel changement peut apparaître.
Pour aller plus loin :
http://www.nature.com/nature/journal/v523/n7558/full/nature14574.html
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