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Les actualités scientifiques se répondent parfois de façon surprenante. Ce billet sera le premier d’un triptyque sur le fonctionnement du cerveau. Développement, génétique, circuits neuronaux et intelligence artificielle se font écho…

L’autisme est une pathologie neuropsychiatrique sévère qui se caractérise par trois critères : des troubles des interactions sociales, des déficits de la communication verbale et l’observation de gestes répétitifs et stéréotypés. Elle prend toutefois des formes très variables ; on parle désormais plutôt de « troubles du spectre autistique » (TSA). Les TSA incluent, entre autres pathologies, le syndrome d’Asperger ou encore le syndrome de Rett. Ce dernier touche principalement les jeunes femmes. Si on soupçonne un déterminisme génétique de l’autisme, la multiplicité de ses formes et leur caractère très probablement fortement polygénétique rend l’identification des gènes responsables ardue. Pourtant on isole peu à peu des régions du génome et quelques gènes candidats. Ainsi, des mutations du gène codant pour la protéine MeCP2 (methyl-CpG-binding protein 2), localisé sur le chromosome X, serait la principale cause du syndrome de Rett. MeCP2 est une protéine abondante dans les tissus nerveux. En se fixant sur la chromatine et régulant l’expression des gènes, elle jouerait un rôle important dans le fonctionnement des neurones matures.

Les chercheurs de l’Institute of Neuroscience à Shanghai ont obtenu des macaques transgéniques, dont le génome est porteur de copies surnuméraires de MeCP2. Ces petits singes présentent des troubles du comportement : déplacements en rond à répétition, réactions d’anxiété, ainsi qu’une diminution des interactions sociales avec leurs congénères… autant de caractéristiques que l’on peut rapprocher des symptômes autistiques.

Cela ne prouve rien que l’on ne savait déjà sur le rôle de la protéine MeCP2… Mais offre, peut-être, un modèle d’étude animal de l’autisme. Il faut être toutefois prudent. L’autisme est une pathologie tellement complexe et multiforme. Il est peu probable d’en trouver un modèle unique. Toutefois, l’étude des macaques de Shanghai pourrait permettre d’explorer de nouvelles pistes (étude des anomalies cérébrales et neuronales, de leur mécanismes et mise en place ; test de traitements, génétiques en particulier…).

Autism-like behaviours and germline transmission in transgenic monkeys overexpressing MeCP2. Zhen Liu et al. Nature, 25 January 2016.

Pour en savoir plus, voici l’article en question…

http://www.nature.com/articles/nature16533.epdf?shared_access_token=UGfnn8GxT1x72_GioAd5N9RgN0jAjWel9jnR3ZoTv0NenOCJb_7FiKvkYxzMCGjItAZ4USLSg9V_n4_UHvhGoyZEPuDjjkN2L8aBGMjzQjOl9JhQKB0DvcajPXl9Nsg_tB0szVHagppSh8PGNE0scsOIxJvVs42UwltDnmpV5cUwpWafZ0fa5SMWY3oenacAP_CDL_6Ov8MrqJ2JtSwLAg%3D%3D

et (en français), sur la génétique de l’autisme..

Cliquer pour accéder à 007281ar.pdf

http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/165/?sequence=12

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1879

 

 

3 réflexions sur “Les petits singes modèles

  1. Je pensais naïvement peut être que les autistes étaient plus souvent des hommes… De plus s’il y a un gène X impliqué je croyais que la prévalence serait supérieure chez les XY plutôt que chez les XX ? Je me trompe ou bien ?

  2. Non, non, ce n’est pas naïf. C’est exact. La prévalence de l’autisme est plus forte chez les garçons. Mais l’autisme est aussi une pathologie protéiforme. La forme dont il est question ici, et qui touche presque exclusivement les filles, est le syndrôme de Rett.
    Même chose pour ta deuxième remarque, tu ne te trompes pas. Mais, on peut aussi penser que lorsque la mutation du gène MeCP2 (qui a une fonction régulatrice et peut tout à fait légitimement jouer un rôle majeur durant le développement) est porté par l’unique chromosome X d’un garçon, les effets (sans deuxième chromosome pour compenser un peu) sont trop graves pour que l’embryon survive. Les petits garçons avec la mutation ne naissent donc tout simplement pas et il n’y a donc que des filles malades… Je n’ai pas exploré la question, mais je vais vérifier mon hypothèse…

  3. C’est effectivement le cas…
    « De façon exceptionnelle, la mutation peut survenir chez un garçon qui possède un seul gène MeCP2. Le tableau clinique est alors différent avec une encéphalopathie néonatale sévère responsable d’un décès précoce. »

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