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cc56a2f240614338fcdb1e1d45495ea8La complexité de la condition humaine interroge les philosophes. Mais c’est aussi une question de biologie. Les hommes se distinguent des autres grands singes par leur cerveau de grande taille et un cycle de vie original, qui combine un taux de reproduction élevé, un développement lent durant l’enfance et une longévité exceptionnelle. Ces spécificités ont-elles un coût?

Une étude récente, menée par par des chercheurs de l’Université Loyola de Chicago et publiée dans la revue Nature, montre que les hommes ont un métabolisme plus élevé que leur proches parents, ce qui est corrélé, selon eux, à l’évolution de cerveaux de plus grande taille.

Pour comparer les stratégies énergétiques des différents hominoïdes, des mesures directes des métabolismes des grands singes et des hommes sont nécessaires. Les auteurs ont utilisé des mesures de la dépense énergétique totale (total energy expenditure, TEE en kcal jour−1) chez les hommes, les chimpanzés, les bonobos, les gorilles et les orang-outans pour tester l’hypothèse selon laquelle la lignée humaine aurait vu une accélération de la vitesse de consommation métabolique, fournissant ainsi l’énergie nécessaire à un cerveau plus grand et à une reproduction plus rapide sans sacrifier la survie et la longévité. La dépense énergétique totale comprend les calories consommées par le métabolisme corporel au repos ainsi que les calories consommées durant l’activité physique (corrigée selon la taille corporelle et le niveau d’activité physique). Elle a été mesurée durant 7 à 10 jours pendant lesquels les hommes, comme les singes, suivent leur routine quotidienne. 141 humains et 56 animaux de zoo ont ainsi été étudiés (27 chimpanzés, 8 bonobos, 10 gorilles, et 11 orang-outans). Les auteurs ont ainsi montré que la TEE humaine excède celle des chimpanzés (et bonobos), gorilles et orang-outans de 400, 635 and 820 kcal jour−1, respectivement.

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En outre, cette étude démontre que les hommes ont le pourcentage de graisse corporelle le plus élevée parmi les grands singes. Qui plus est, seuls les hommes présentent une différence entre les sexes à ce sujet (22.9 % de masse grasse chez les hommes contre 41.7 % chez les femmes). Cette masse graisseuse fournit une réserve énergétique pour alimenter leur métabolisme plus rapide. Mais c’est aussi une porte ouverte vers l’obésité…

Pour les auteurs, « Les hommes présentent une prédisposition à stocker du gras alors que les autres hominoïdes restent relativement minces, même en captivité, alors que leur niveau d’activité est moindre que dans la nature ».  Comprendre ce qui gouverne ces différences et  ces mécanismes pourraient participer à  la lutte contre l’obésité et le diabète.

La grande taille du cerveau des hommes (qui a produit les mythes, la philosophie et les œuvres d’art…) a donc bien un coût. Et, la contrainte énergétique est au cœur de notre évolution, passée… et future.

Références

Metabolic acceleration and the evolution of human brain size and life history. Herman Pontzer et al. Nature, may 2016.

http://www.nature.com/nature/journal/vaop/ncurrent/full/nature17654.html

http://www.sciencemag.org/news/2016/05/humans-are-highest-energy-apes-making-us-smarter-also-fatter?utm_source=sciencemagazine&utm_medium=facebook-text&utm_campaign=energape-4114

http://www.eurekalert.org/pub_releases/2016-05/luhs-hhf050216.php

 

 

Illustrations

Igor Morski    http://www.igor.morski.pl/work/

Titien. Sisyphus, 1548-1549.

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