Solanum Dulcamara, Douce-amère, Morelle douce-amère… J’avais utilisé son nom et son image sans vraiment la présenter… Seulement prétexte à parler de goût, de douceur et d’amertume dans le billet Dulcamara. Une actualité me permet aujourd’hui de lui rendre justice et de lui donner enfin le premier rôle.
En effet, un article récemment publié dans Nature Plants montre que cette plante, commune aux abords des fermes et des chemins (on la dit ainsi rudérale et nitrophile, friande de milieux riches en azote et vivant à proximité des lieux habités par l’homme), produit un nectar sucré lorsqu’elle est blessée. Cela lui permet d’attirer certaines fourmis, et de s’en faire des alliées de choix dans la lutte contre les assaillants.
Lorsque se forme une blessure sur une plante, elle se ferme en général rapidement évitant ainsi les infections et la perte de ressources nutritives. Cependant dans le cas de Solanum dulcamara, les blessures infligées par les herbivores ne se referment pas complètement et produisent une sécrétion, sous forme de gouttelettes sucrées. Dans la nature, on a observé qu’elles attirent les fourmis et réduisent ainsi la sensibilité des Solanum aux herbivores. Des expériences contrôlées, réalisées sous serre, montrent que les fourmis protègent S. dulcamara contre deux de ses prédateurs naturels, les limaces et les larves d’altises (insectes coléoptères). Contrairement à la règle commune, ces sécrétions ne sont pas produites par des structures spécialisées (les nectaires). Pour les auteurs, cette forme de « saignement » pourrait ainsi offrir un modèle primitif de sécrétion de nectar.
Son nom est un oxymore et tout est contradiction dans cette petite fleur.
Opposition des couleurs. Le rouge et le vert. Le jaune et le violet.
Relations à l’homme paradoxales. Elle vit près d’eux et porte des fruits rouges qui leur sont toxiques.
Dangereusement douce. Elle produit un nectar sucré pour mieux se défendre. Hydromel fourni à ses guerrières.

Extrafloral nectar secretion from wounds of Solanum dulcamara. Tobias Lortzing et al. Nature Plants, avril 2016.
Tu écris comme un peintre…
Merci Laurence, je suis en plein dans le chapitre « Vie fixée » de TS et cet exemple illustre parfaitement les moyens de défense des plantes contre les agressions, ici, les herbivores.. et la coévolution . Trop chouette ! j’adore… Merci pour ce petit résumé, MERCI pour le reste ! Samuel
Merci beaucoup à toi. 🙂
Savoir que mon petit billet pourrait être utile me réjouis! Tiens, je serais curieuse de connaître, si tu utilises effectivement cet exemple dans ton cours, la façon dont tu l’adaptes. Si cela ne t’embête pas et si tu y penses, pourrais-tu me le transmettre?
Bonne journée!
Bonjour Samuel,
j’espère que le printemps te trouve en pleine forme!
Un petit mot pour te dire que j’ai adapté ce billet en vidéo…
http://www.universcience.tv/video-solanum-11388.html
Elle est diffusée sur le site de Universcience. (Tu en trouveras d’autres numéros sur le blog).
Au plaisir d’avoir de tes nouvelles!
Laurence
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Ce phénomène me fait penser à Melville et à Moby Dick. Au sang mélangé entre l’indien féroce et le chasseur de baleine et à ces amitiés nouées autour du sang versé ensemble. Une hybridation comme celle de la Morelle, un mélange de nectar du type vin herblé par exemple ? Christian
Il me faudra lire Moby Dick, donc…
Mais oui, il s’agit bien d’amitiés nouées autour de blessures et de sang versé… que la nature transforme en magique vin herbé. De la morelle, on pourrait bien faire une fable ou une légende.