L’actualité scientifique met aujourd’hui en lumière Maratus splendens, araignée qui doit son nom (brillant) aux magnifiques couleurs vives qui décorent « l’abdomen » (opisthosome pour être exacte) des individus mâles.
A l’instar des papillons (dont je vous ai parlés dans le billet Papillons noirs, papillons blancs), les araignées sont colorées grâce aux écailles qui recouvrent leur corps. Deux mécanismes physiques distincts sont à l’origine de ces couleurs : la présence de pigments ou le procédé de couleur dite structurelle. C’est de ceux-ci dont il est question aujourd’hui.
Maratus splendens appartient à la grande famille des salticidae ou araignées sauteuses, caractérisées par leur aptitude au saut, une très bonne vision et une coloration souvent très vive.
Le mâle de Maratus splendens est donc très richement décoré par les écailles qui le recouvrent. Les auteurs de l’étude Splendid coloration of the peacock spider Maratus splendens (publiée dans Journal of the Royal Society Interface, journal qui publie les recherches menées à la frontière des sciences de la vie et des sciences physiques) en ont déterminé l’origine physique. Les couleurs des écailles blanches, crèmes et rouges sont dues à la présence de pigments. Les écailles bleues, en revanche, sont dépourvues de pigments et présentent une couleur dite structurelle. Autrement dit, c’est la structure de ses constituants et la façon dont elle interagit avec la lumière qui lui donne sa couleur : ici deux couches de chitine (le polymère constituant la cuticule et la carapace des arthropodes – insectes, arachnides, et crustacés) séparées par un espace rempli d’air et présentant sur leur face interne des faisceaux de filaments. Les propriétés optiques de cet arrangement, ont été étudiées par micro-spectrophotométrie, diffusiométrie et par microscopie optique et électronique (à balayage). Elles ont révélé que les faisceaux de filaments constituent un nouveau système de coloration permettant de réguler très finement la réflectance des écailles pour produire la coloration bleue.
Images
Jugen Otto (qui a participé à l’étude)
Pingback: Outrenoirs | Ricochets